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Un costume imposé

Que serait un enfant s’il n’y avait pas eu un parent, celui que nous avons tous ? Parce que oui, même ceux qui n’en ont pas eu en ont un et se sont construits à travers lui.

 

On a gardé de lui les yeux, les oreilles, le bon ou le sale caractère, les grands pieds ou les petites mains. Bon ou mauvais, inexistant ou trop présent, disparu ou toujours là, facétieux ou trop sérieux, copain ou sévère, le parent est ainsi un costume imposé dans lequel on nous a glissés à la naissance.

 

Qu’il ait été là pour de vrai ou juste en substitution, c’est de ce parent que nous sommes. Et si on ne l’a jamais connu, c’est de son absence que l’on existe. C’est de ses encouragements que l’on a grandi, peut-être suivi sa trace. Ou bien c’est sa non-présence qui nous a fait relever le défi d’une réussite, pour lui montrer, bravache, que non, on n’a pas besoin de lui.

 

C’est sur ses pas que nous avons commencé à marcher avant, un jour, de tracer notre propre chemin. Cette route que l’on suit se fait parfois en parallèle et est marquée par de multiples carrefours où se retrouvent les familles. Ou parfois, à l’inverse, les routes s’écartent au point que l’on se perd.

Quels que soient ces chemins, nous avons tous dans notre GPS cervical cette route qu’il faut retrouver ou éviter à tout prix.

 

Notre histoire familiale est celle-là, héritée de celle de nos parents, qui eux-mêmes la détenaient des leurs. Cette histoire qui a fait de nous un ado rebelle ou au contraire un enfant très sage, qui nous a fait nous opposer ou bien aimer sans restriction.

 

À petites touches, j’ai recueilli quelques-uns des souvenirs de ma mère, mais elle en a encore beaucoup à nous transmettre, à nous, ses enfants : l’histoire absurde d’une poule assommée par une roue échappée de son essieu ; celle, moins drôle, de l’école où elle aurait voulu aller…

 

Avec son accord, j’entame son histoire.

 

Christine, biographe pas que de sa mère

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